Nous croyons aux écosystèmes et à l’architecture ouverte pour innover
#Assureurs & #Insurtech : rencontres avec ceux qui se transforment ! Echanges avec les dirigeants et dirigeantes d’assurance qui coopèrent avec les insurtech pour se transformer.
C’est parti pour 10 questions à Tanguy Le Maire, Membre du Comité exécutif, Directeur du Marché des Particuliers, du Marketing et du Digital, de Generali
Quels sont les points clés de votre parcours de dirigeant ?
Comme certains, je suis arrivé dans l’assurance un peu par hasard mais j’ai immédiatement trouvé ce secteur passionnant car en prise avec toute l’actualité économique, financière, sociale, politique et inscrit dans le temps long.
Arrivé en 2007 chez Generali France, je supervise aujourd’hui le Marketing & Digital et le marché des Particuliers. Notre métier évolue sans cesse et mon intérêt pour tous les défis de l’assurance reste intact, à la fois dans leur dimension grands risques (environnement, démographie, cyber…) qui deviennent systémiques et interdépendants – on le voit bien à travers la crise de la Covid 19 – et dans leur dimension vie quotidienne qui nous impose d’intégrer des services et des technologies adaptés aux nouveaux modes de vie et d’interactions de nos clients.
Quelles sont les différentes insurtech avec lesquelles vous travaillez ? Sur quels maillons dans la chaîne de valeur assurance ?
Accompagner ses partenaires distributeurs dans l’innovation fait partie de l’histoire de Generali qui, très tôt, a acquis une forme de leadership dans ce domaine, tous segments d’assurance confondus.
Cela fait même partie de l’ADN de Generali, l’un des assureurs dont l’architecture de distribution est la plus ouverte. Ainsi, à titre illustratif, en épargne, les premiers contrats d’assurance vie souscrits en ligne, par l’intermédiaire de partenaires, étaient des contrats Generali. Il en est de même pour l’assurance moto : l’Equité, filiale de Generali, a été la 1ère compagnie à se lancer dès 1981 sur le Minitel ! Nous nous sommes toujours intéressés aux idées neuves, avec la volonté de tester et d’apprendre. Et aujourd’hui, nous travaillons avec des Insurtech et des Fintech en auto mais aussi en santé, en emprunteur, en MRH, en épargne, etc… et sur toute la chaîne de valeur.
Panorama des insurtech/fintech avec qui coopère Generali
Ces coopérations ou certaines d’entre elles, sont-elles associées à un investissement ?
Par fidélité au principe d’architecture ouverte, notre philosophie a jusqu’à présent été de ne pas investir dans les Insurtech et Fintech partenaires de distribution. Nous pouvons en revanche être amenés à investir dans celles qui nous aident à franchir un cap dans le domaine industriel, pour acquérir des compétences ou des technologies spécifiques.
Si vous deviez en retenir une, laquelle ? Pouvez-vous expliquer pour quelles raisons vous avez décidé de travailler ensemble ?
Au total, nous travaillons aujourd’hui avec près d’une centaine d’Insurtech, Fintech et start-up (cf panorama supra). Il est m’est impossible d’en retenir une seule : nos domaines d’activité sont trop vastes et le champ d’intervention de chacune très ciblé.
Avec un peu de recul, quels sont les apports clés de cette insurtech pour votre société d’assurance ?
(cf supra)
De façon plus globale, quelle est votre vision de l’apport des insurtech dans le secteur et la chaîne de valeur de l’assurance ?
Je dirais qu’elles modifient en profondeur :
- Les modes de distribution : facilité d’accès, comparabilité et concurrence
- L’expérience client : simplicité du contact, instantanéité des processus, parcours de vente et d’indemnisation et personnalisation de l’offre
- Nos processus industriels, via la digitalisation et la dématérialisation, avec à la clé davantage de fluidité et de sécurité. Cela est sans doute moins visible mais tout aussi important car cela bouleverse le métier de l’assurance. Notre objectif, avec elles, est de sophistiquer ce que le client ne voit pas et de simplifier tout ce qu’il voit, tous les points de contact qui concourent à lui apporter une expérience fluide et « sans couture ».
Quelles sont les 3 principales difficultés rencontrées dans vos différentes coopérations avec les insurtech ?
Les principales difficultés reposent d’abord sur l’absence de recul, l’absence d’historique qui, pour tout assureur, créée une zone d’inconfort. Il y a toujours un pari technique dans un partenariat avec une Insurtech ou une Fintech ! C’est pour cela que nous devons chercher à bien appréhender le risque et apprendre, sans cesse, à ajuster nos tarifs, nos règles de souscription. Learning by doing !
Il faut aussi savoir animer les relations avec les start up, entretenir « la flamme » de la collaboration créative en sachant se montrer disponible car elles ont un tempo qui n’est pas celui des grandes entreprises et ont besoin d’obtenir vite les réponses à leurs questions.
Enfin, il faut réussir à interconnecter leurs solutions avec nos systèmes de gestion, handicapés par endroit par l’héritage du passé. S’agissant des Tech for business en particulier, les innovations doivent pouvoir fonctionner avec nos modèles pour être développées et mises sur le marché.
3 principales difficultés rencontrées : l’absence de recul, animer la relation, interconnecter les solutions aux systèmes
Quels sont les 3 facteurs clés pour la réussite de vos différentes coopérations avec les insurtech ?
Premier facteur clé, il faut que l’offre corresponde à un besoin client, réponde à un problème et apporte une solution. Nous avons pu lancer des offres avec certaines start-up, très séduisantes à la base, mais qui n’ont jamais rencontré leur clientèle, en auto par exemple. Dès lors, mieux vaut ne pas persévérer.
Deuxième facteur clé, l’organisation. Le partenariat d’une entreprise comme Generali avec une Insurtech ou une Fintech, c’est la rencontre d’une grosse structure avec une pépite et qui risque de l’étouffer. Dès lors, il est fondamental de mettre en face des équipes complètement dédiées aux partenariats et à l’innovation, ayant l’autonomie, l’expérience et la capacité à gérer tous les aspects du business.
Enfin, à regarder nos succès, tous reposent sur une affinité humaine forte : respect des valeurs, volonté de co-construction, conviction d’une approche win-win et vision de long terme qui permet de surmonter les innombrables difficultés liées au lancement d’offres disruptives.
3 facteurs clés de réussite : solution à un besoin, l’organisation avec des équipes dédiées, l’affinité humaine forte
Allez-vous développer et renforcer ce type de coopération dans les 2 années à venir ?
Oui, car les Insurtech et Fintech peuvent nous aider à relever les défis auxquels nous, assureurs, sommes confrontés. Dans le domaine de la data par exemple, les pistes de coopération sont sans limite. Par ailleurs, nous voulons renouveler notre proposition de valeur et nous orienter davantage dans les services pour être le véritable « lifetime partner » de nos clients et partenaires et les Insurtech peuvent nous aider à élargir notre terrain de jeu dans ce domaine. La responsabilité sociétale est aussi un champ d’avenir avec tous les enjeux de transition écologique et de lutte contre les vulnérabilités, autour des investissements à impact et solidaires, de la modélisation du changement climatique et de la prévention des risques qui y sont liés. Avec à la clé de nouvelles propositions de valeur pour répondre aux attentes de nos clients, pour en faire des « clients responsables » et encourager les solutions d’avenir (sobriété écologique, résilience des bâtiments et des installations…).
Quels seront, selon vous, les modèles de coopération de demain entre assureurs et insurtech ?
Plus que jamais nous croyons aux partenariats dont le modèle est éprouvé. Mais nous croyons aussi aux écosystèmes et à l’architecture ouverte. Nous venons ainsi d’annoncer la création d’un vaste écosystème de dimension européenne en partenariat avec Sanofi, Orange et Cap Gemini pour innover dans le domaine de la e-santé. Il y aura une plateforme digitale pour lancer les appels à projets et animer la communauté des start up qui y répondront. Il y aura aussi un lieu physique qui devrait ouvrir fin 2021. Le monde tourne de plus en plus vite, les risques sont plus systémiques, interconnectés, les attentes de nos clients, « formatées » par les pure players et les GAFA, plus fortes et leurs exigences en termes de sécurité, protection des données personnelles et respect des usages plus élevées.
Dans ce contexte, même les grandes entreprises ne peuvent pas internaliser toutes les compétences et toutes les technologies. D’où une approche plus holistique, davantage partie prenante d’écosystèmes qui permettent de faire appel à de multiples expertises, de défricher des idées neuves, d’apprendre en testant. C’est dans notre culture, notre ADN !
Interview menée mi-janvier 2021 par Nelly Brossard
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