Nous investissons dans des start-up de l’e-santé afin d’améliorer les pratiques médicales et leurs ouvrons l’accès à plus d’1 million de professionnels de santé de santé

#Assureurs & #Insurtech : rencontres avec ceux qui se transforment ! Echanges avec les dirigeants et dirigeantes d’assurance qui coopèrent avec les insurtech / startup pour se transformer.

C’est parti pour 10 questions à Stéphane Dessirier, Directeur Général de la MACSF

Quels sont les points clés de votre parcours de dirigeant ?

Durant tout mon parcours dans l’assurance, démarré au GAN en 1984, j’ai toujours été frappé par la complexité de l’assurance vue du client. En 2009, j’ai créé une start up full internet pour les proches des pros de santé, nommé directeur général du groupe MACSF en 2014, j’ai fait en sorte de centrer le plan stratégique qui se lançait à cette période, sur la digitalisation qui passait largement par une simplification drastique des produits et des process, en m’inspirant des pratiques des entreprises full web. J’ai aussi engagé la MACSF dans une démarche d’entreprise responsabilisante avec l’objectif de personnaliser plus encore la relation des collaborateurs avec nos clients-sociétaires. Ces préoccupations de simplification et d’amélioration de l’expérience client restent mes priorités et elles se retrouvent dans le plan stratégique actuel 2020-2024 du groupe MACSF. Ce plan met également l’accent sur l’accélération du développement avec notamment deux actions fortes : un programme de recrutement pour augmenter de 40% notre réseau commercial et une refonte du système d’information clients.

Quelles sont les différentes insurtech/startup avec lesquelles vous travaillez ? Sur quels maillons dans la chaîne de valeur assurance ?

En tant que premier assureur des professionnels de santé, la MACSF a fait le choix d’entrer très tôt au capital de medtech et de healthtech afin d’améliorer les pratiques médicales par la prévention du risque. Cela nous a permis aussi d’anticiper l’évolution des métiers de la santé et d’adapter nos garanties notamment en responsabilité médicale.

Ces investissements dans des startups de la e-santé sont réalisés avec l’argent que nous confie nos clients-sociétaires via l’assurance vie, nous gérons environ 30 milliards d’encours. Ce qui est doublement vertueux : d’une part, ces investissements contribuent globalement à l’amélioration de la santé et d’autre part, ils représentent un gisement de performance et de plus-values pour l’épargne des professionnels de santé.

Ces coopérations ou certaines d’entre elles, sont-elles associées à un investissement ?

Oui, nous investissons dans des medtech ou des healthtech quand nous pensons qu’elles ont de grandes chances de réussir à s’imposer. Nous choisissons celles qui nous semblent avoir le plus grand potentiel d’amélioration du système de soins et de la santé.

Si vous deviez en retenir une, laquelle ? Pouvez-vous expliquer pour quelles raisons vous avez décidé de travailler ensemble ?

Je citerai l’exemple de Synapse médicine qui s’attaque à réduire les risques liés à l’usage des médicaments grâce à une solution d’intelligence artificielle et qui permet aux professionnels de santé d’avoir un accès facile à une information médicale fiable et actualisée en permanence. Elle vient d’être choisie par les pouvoirs publics pour évaluer les risques et les contre-indications des vaccins anti-Covid.

Nous avons investi dans Synapse médicine car elle rentre pleinement dans nos critères. Fondée par des médecins, elle est utile aux professionnels de santé et contribue globalement à l’amélioration des soins. Elle respecte la déontologie médicale et présente un modèle de développement solide.

Avec un peu de recul, quels sont les apports clés de cette insurtech / startup pour votre société d’assurance ?

(cf supra)

De façon plus globale, quelle est votre vision de l’apport des insurtech / startup dans le secteur et la chaîne de valeur de l’assurance ?

Pour la MACSF, les innovations technologiques apportés par les startups de la e-santé permettent de limiter le risque médical, d’augmenter la performance ou l’organisation des soins. Elles nous aident dans notre métier d’assureur et surtout elles permettent à nos sociétaires de travailler plus sereinement.

Quelles sont les 3 principales difficultés rencontrées dans vos différentes coopérations avec les insurtech / startup ?

Je vois 2 difficultés majeures :

  • Tout d’abord, les stratégies économiques et le rythme de développement ne sont pas les mêmes entre une startup et un assureur mutualiste comme la MACSF ! Ces medtech et healthtech ont vocation à connaître une croissance très rapide, ce qui n’est pas la logique de l’assureur qui travaille dans le temps long. Il est donc important d’en tenir compte.
  • Ensuite, il convient de veiller à ce que les startups conservent leur autonomie afin de ne pas freiner leur expansion.

2 principales difficultés rencontrées : les stratégies économiques et un rythme de développement différents, la conservation d’autonomie des start-up

Quels sont selon vous les 3 facteurs clés pour la réussite de vos différentes coopérations avec les insurtech / startup?

Il y a, à mon sens, 2 facteurs clés de réussite :

  • Tout d’abord, il faut que chaque partenaire trouve une valeur différenciante dans cette coopération. Les startups de la e-santé apportent de l’innovation technologique et répondent à l’objectif d’amélioration de la santé qui est aussi celui de la MACSF. De son côté, la MACSF contribue au financement des startups et leur ouvre l’accès à plus d’1 million de professionnels de santé auxquels elles peuvent proposer leurs services.
  • Ensuite, il est important que la MACSF et les startups avec lesquelles elle coopère conservent  leur autonomie stratégique en lien avec les contraintes qui leur sont propres. Le fait de ne pas être le seul investisseur et d’intervenir aux côtés d’autres acteurs, notamment les fonds de capital investissement, permet de mixer les savoir-faire et de maximiser les chances de réussite des projets.

2 facteurs clés de réussite : chacun doit trouver une valeur différenciante dans la coopération, chacun doit conserver son autonomie stratégique

Allez-vous développer et renforcer ce type de coopération dans les 2 années à venir ?

Oui. Notre surface financière avec 3 à 4 milliards d’investissement chaque année dont 7% investis en actifs non cotés, nous permet de consacrer une enveloppe annuelle pour l’amorçage et le refinancement de startups de l’e-santé prometteuses. Nous sommes maintenant reconnus comme un acteur durable du capital investissement. Et nous avons à cœur d’associer à nos décisions d’investissement toutes les directions de la mutuelle, de la finance jusqu’au marketing en passant par la direction technique et le comité médical. La e-santé à la MACSF est une activité totalement transverse.

Quels seront, selon vous, les modèles de coopération de demain entre assureurs et  insurtech / startup ?

Le modèle de coopération de la MACSF est spécifique puisque nous sommes au confluent du monde de la santé, des nouvelles technologies et de l’assurance. Dans un souci d’améliorer la santé des français, en soutenant l’innovation médicale, nous allons poursuivre nos différentes coopérations. Les modèles d’investissement sont déjà très variés et ils vont continuer à évoluer. Il ne faut surtout pas s’enfermer dans des schémas préconçus en matière d’innovation.

 

Interview menée fin janvier 2021 par Nelly Brossard

 

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