Pour une assurance agricole accessible à tous les professionnels de l’agriculture, plus simple, plus efficace et plus proche
#Insurtech : Rencontres Insurtech 2024. Une nouvelle saison d’échanges avec les fondateurs et fondatrices d’Insurtech ! Des acteurs qui réinventent et transforment l’assurance sur l’ensemble de la chaîne de valeur.
C’est parti pour 11 questions à Antoine Poupart Président et fondateur d’Atekka
Quels sont les points clés de votre parcours et que représente l’entrepreneuriat pour vous ?
Je suis fils d’agriculteur. J’ai une double formation d’ingénieur agronome, AgroParisTech et d’école de commerce (HEC). J’ai travaillé durant 15 ans dans un grand groupe, le groupe coopératif agricole InVivo, au sein duquel j’ai créé Atekka en 2017 dans le cadre d’un programme d’intrapreneuriat. J’ai fait un MBO (Management Buy Out) en juin 2022 pour racheter la société à InVivo.
L’entrepreneuriat pour moi c’est avant tout l’autonomie (et non pas l’indépendance) quant à la définition de la vision et de la stratégie. C’est aussi et surtout la responsabilité d’incarner et d’être le garant au quotidien de cette vision. C’est enfin le meilleur moyen de découvrir et d’apprendre « sur le tas » l’ensemble des fonctions d’une entreprise et l’ensemble des interactions avec son environnement (économique, social, politique, légal…).
Comment est né votre projet, comment l’idée est-elle venue ?
2016 a été une annus horribilis pour l’agriculture française avec les pires moissons du siècle pour cause d’aléas climatiques. A cette occasion les coopératives agricoles, pour qui je travaillais In Vivo, ont pris conscience de la vulnérabilité de leurs adhérents, et de la leur effet domino, face à l’augmentation du risque climatique tant en fréquence qu’en intensité. Il faut savoir que en 2016 2/3 des agriculteurs identifiait d’ores et déjà le climat comme une source de difficulté économique majeure et que plus de 10 000 défaillances d’entreprises agricoles par an étaient directement imputables au climat.
En 2017, seuls 25% des agriculteurs assuraient leurs récoltes contre les risques climatiques car ils déclaraient (enquête réalisée auprès de 1 086 agriculteurs) que les offres d’assurances préexistantes étaient trop complexes à comprendre (du fait d’un manque de transparence) et à utiliser (une UX avec de trop nombreuses frictions), et inefficaces (des garanties insuffisantes et/ou pas adaptées à leur cas particulier).
J’ai donc décidé de créer Atekka en 2017 pour répondre à ces besoins de marché avec un modèle intermédié avec les coopératives et sociétés de négoce agricoles qui avaient un enjeu stratégique de satisfaire et d’apporter un service à leurs adhérents et d’augmenter leur couverture en assurance pour aussi elles-mêmes se « dérisquer » en tant que principal client et fournisseur de ces agriculteurs…
Quelle est votre proposition de valeur ?
L’objectif est de rendre l’assurance agricole accessible à tous les professionnels de l’agriculture en la rendant plus simple, plus efficace et plus proche.
Nous apportons trois éléments clés :
- Des garanties adaptées au marché en termes de types et de mode de production très diversifiés (niches, bio, risques …). Un axe où nous avons fait beaucoup bouger les lignes au regard du marché avec nos offres sur mesure et notre approche très métiers agricoles s’appuyant sur une compréhension fine des besoins. Un marché qui a beaucoup évolué et où les acteurs classiques proposent des garanties jugées insuffisantes très standard avec une non prise en compte des besoins et des spécificités et souvent une seule ligne d’offre.
- Un parcours simple, fluide, digital au niveau des meilleures pratiques du marché. Nous sommes les seuls à proposer cela aujourd’hui sur ce marché. Notre parcours est full digital en 4 étapes pour souscrire
- Un réseau d’acteurs terrain de proximité des coopératives agricoles pour aller vers les nouveaux clients. L’objectif est avant tout d’aller chercher les entreprises non assurées pour faire croître la part des entreprises agricoles assurées. Un marché avec des primes moyennes importantes (10 K euros) où ce réseau humain est clé pour sensibiliser. Nous avons aujourd’hui environ 40 coopératives agricoles et sociétés de négoces avec qui nous travaillons et cela permet de mobiliser environ 300 à 400 acteurs sur le terrain.
C’est une vision plus globale et sociétale, de facto en protégeant l’agriculteur nous protégeons l’agriculture et notre souveraineté alimentaire.
Quelle est votre cible de clients (BtoC, BtoB, BtoBtoC) ? Combien visez-vous de clients d’ici 3 ans ?
Nous avons un modèle BtoBtoC, nous travaillons avec les coopératives agricoles et sociétés de négoce qui sont en lien avec les agriculteurs. Aujourd’hui nous travaillons avec 40 d’entre elles.
Sur ce marché environ 80 % des agriculteurs sont adhérents d’une coopérative.
Aujourd’hui Atekka assure – via les 40 coopératives et entreprises de négoces – 2 000 entreprises agricoles (de la TPE au Grand Groupe) et vise 5 000 clients d’ici 3 ans via 50 coopératives et entreprises de négoce.
Comment travaillez-vous avec l’ensemble de l’écosystème et avec quelle (s) grande(s) famille(s) (assureurs / mutuelles / assisteurs… autres) aujourd’hui ?
Atekka est une agence de souscription et de gestion (MGA) enregistrée à l’ORIAS en tant que courtier. Nous travaillons en amont avec quelques assureurs partenaires, et en aval avec des MIA (Mandataires d’Intermédiaires en Assurance) que sont les coopératives agricoles et sociétés de négoce agricoles dans notre modèle. Nous externalisons l’expertise sinistre auprès d’un réseau d’experts indépendants.
Quel est votre « business model » ? Avez-vous fait évoluer celui-ci ? A quelle date serez-vous à l’équilibre ?
Nous sommes un MGA avec une délégation complète au niveau des offres produits, des tarifs, de la distribution, de l’encaissement, de la gestion et du versement des sinistres.
Notre modèle intermédié fonctionne avec un commissionnement fixe et un commissionnement variable (en fonction de la sinistralité annuelle des entreprises agricoles) reversée par notre porteur de risques. Nous reversons aussi une commission en tant que mandataire d’intermédiaires en assurance (MIA) aux coopératives et sociétés de négoce.
Nous sommes 12 personnes au sein d’Atekka, avec 40 clients directs (coopératives et sociétés de négoce) pour 2 000 entreprises agricoles clientes.
Atekka est à l’équilibre depuis 2022 et vient de clôturer son exercice juin 2023 – juillet 2024 avec un résultat net d’1,3M€.
Quelles sont les 3 principales difficultés rencontrées dans votre vie d’entrepreneur au sein d’Atekka ?
La première difficulté, ce sont les pratiques anti-concurrentielles de certains de nos compétiteurs
La seconde est d’être connu, reconnu et légitime dans un écosystème au sein duquel je suis, et où Atekka est, un nouvel entrant.
La dernière est le manque de pairs (entrepreneurs dans l’assurance sur ce sujet) avec qui échanger régulièrement.
3 difficultés rencontrées : pratiques anti-concurrentielles, être connu et reconnu et légitime, manque de pairs pour échanger
Quels sont pour vous les 3 facteurs clés pour la réussite d’Atekka ?
Le premier est la qualité et la performance de notre partenariat avec nos Mandataires d’intermédiaires en assurance (les coopératives agricoles et négoces agricoles).
Le second est la performance de notre gestion sinistre et de notre ciblage clients vers les non-assurés. Atekka surperforme sur le marché tous les ans, en termes de S/P, nous avons 80% de nos clients qui sont des primo-assurés (et moins risqués dans un marché anti-sélectionné) et nous appliquons les meilleurs standards du marché en termes de gestion sinistre.
Le troisième facteur est notre capacité à attirer et fidéliser nos porteurs de risques.
3 facteurs clés de réussite : qualité et performance des partenariats avec nos MIA, performance de la gestion sinistres et du ciblage clients, capacité a attirer et fidéliser les porteurs de risques
Et si c’était à refaire ?
A ce stade je referais exactement la même chose, en me méfiant plus des réactions des compétiteurs et probablement en perdant mois de temps à tenter de nouer des partenariats avec eux 😉
Quelle est votre vision de l’évolution du secteur de l’assurance et le rôle de l’insurtech ?
N’ayant jamais touché à ce métier avant de lancer Atekka, je trouve que cette industrie gagnerait vraiment à s’ouvrir, en particulier via des mobilités professionnelles entrantes et sortantes afin de mieux comprendre et satisfaire les besoins des différents types d’assurés.
Je suis convaincu que l’insurtech participe à ce « bol d’air frais » en apportant un regard et des compétences neufs dans un secteurs très conservateur. Ce bol d’air vient de 2 facteurs clés : à la fois l’arrivée de nouveaux profils vs les acteurs traditionnels et l’absence de « legacy » produits et informatique ce qui donne davantage de liberté.
Quelles sociétés sont vos modèles (insurtech ou autres start-up, les 2 ou 3 clés) en France ou dans le monde ?
Je vais citer 3 sociétés.
Descartes Underwriting, pour l’équipe fondatrice et leur vision déjà. Ils ont su allier l’expertise de l’industrie et la Tech à l’agilité et la capacité à bouger très vite.
Wakam, pour leur modèle intéressant et assez inédit de fronteur avant tout. Ils sont à la fois assureur et innovant et très orienté clients.
Enfin, Silvr, qui apporte une réponse à un besoin de financement des start up et PME très pertinente avec des parcours très bien faits et un solide modèle.
Et en bonus…
Racontez-moi une anecdote amusante en lien avec Atekka ?
A notre lancement nous avons dû changer de porteur de risque initial très vite car de gros concurrents assureurs ont eu peur de nous et ont mis une certaine pression auprès de cet acteur (nous avions 80 000 euros de primes)… C’était très flatteur au final cette crainte d’un nouvel entrant venant d’acteurs clés du marché…
Pourquoi avoir choisi ce nom pour votre insurtech ?
Nous avons choisi ATEKKA car ce nom réconcilie l’A-griculture et l’A-ssurance grâce à la TECH-nologie et à l’expertise TECH-nique agricole.
Interview menée en septembre 2024 par Nelly Brossard
Retrouver cette interview en video sur Youtube : video intégrale
et l’extrait sur la proposition de valeur
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