Plus jamais un motard ne se retrouvera seul, amoché au bord de la route
#Insurtech : Rencontres Insurtech 2024. Une nouvelle saison d’échanges avec les fondateurs et fondatrices d’Insurtech ! Des acteurs qui réinventent et transforment l’assurance sur l’ensemble de la chaîne de valeur.
C’est parti pour 11 questions à Emmanuel Petit CEO et co-fondateur de Liberty Rider
Quels sont les points clés de votre parcours et que représente l’entrepreneuriat pour vous ?
J’ai eu un parcours scolaire un peu chaotique, je suis le genre de personne qui dépérit très vite sur les bancs de l’école car je m’ennuie très rapidement. Après mon bac, j’ai obtenu ma première année de droit, puis j’ai passé un CAP en Boulangerie puis j‘ai fait un service civique chez Unis-Cité. Chaque expérience m’a apporté des compétences mais dans aucune je n’arrivais à me projeter car je me sentais comme dans une cage. J’ai donc repris des études en communication puis en commerce. C’est durant cette dernière année où j’ai intégré un incubateur que j’ai eu le temps de réfléchir à lancer mon propre projet. La plus grande valeur de cet incubateur a surtout été de me laisser le temps de penser à lancer mon activité. Et après deux ou trois tests d’idées qui au final ne me faisaient pas vibrer, la cause motarde m’est apparue comme une évidence.
Pour moi l’entrepreneuriat est surtout l’occasion de faire quelque chose qui n’a pas de limite en termes d’apprentissages. Créer de zéro une marque, un produit, une entreprise c’est déjà un métier en soi. Après, il faut s’avoir gérer tout cela et enfin et surtout le faire grandir. Je fais souvent le lien à la parentalité. Au tout début ton entreprise est comme un nourrisson totalement dépendant de toi pour tous ses besoins vitaux, chaque alerte peut être vitale. Puis l’entreprise devient une adolescente, elle a moins besoin de toi pour survivre, les problèmes sont moins urgents mais un peu plus complexes ; et enfin, l’entreprise devient un adulte autonome et c’est là que l’entrepreneur doit se réinventer pour continuer à apporter de la valeur. C’est vraiment passionnant ces différentes phases.
Comment est né votre projet, comment l’idée est-elle venue ?
Pour moi ça a été sur la route au guidon de ma moto tout simplement. J’ai 1h45 de route pour aller chez mes parents qui habitent à la campagne. C’est en particulier sur ce trajet que je me suis très souvent retrouvé seul sur des petites routes, pas toujours en très bon état, à me demander mais que se passerait-il si je venais à tomber ici ?
Plus concrètement, j’ai commencé par créer une page Facebook pour fédérer des motards autour de cette idée. Après seulement quelques semaines la page comptait déjà plus de 1 000 personnes abonnées. De cela sont nées deux rencontres très importantes pour Liberty Rider. La première avec Jérémie qui a modélisé et rendu réel la toute première version de l’algorithme de détection d’accidents. Ce dernier m’a présenté Martin qui a très vite rejoint l’aventure et est associé. Il a été en charge du développement de la première version de l’application en Androïd. Notre trio a très vite été rejoint par Julien, un ami d’école de commerce, qui est devenu associé, et a pris en charge la partie Marketing de Liberty Rider. Deux Tech, un Marketeur et un développeur business, nous étions fins prêts à conquérir le monde.
Quelle est votre proposition de valeur ?
Depuis 9 ans nous avons un unique combat : plus jamais un motard ne se retrouvera seul amoché au bord de la route.
Actuellement, nous comptons 1 accident de moto tous les 293 000 kilomètres roulés par notre communauté de 1,5 million de motards. Nous mettons tout en œuvre pour que ce chiffre passe à 1 accident tous les 600 000 kilomètres d’ici 2030.
Nous sommes en train de muter pour devenir LA solution qui évite les accidents pour toutes les formes de mobilités.
Quelle est votre cible de clients (BtoC, BtoB, BtoBtoC) ? Combien visez-vous de clients d’ici 3 ans ?
Nous avons un modèle en BtoBtoC. D’un côté nous créons de la valeur pour les motards en répondant à leurs besoins spécifiques. Et nous capitalisons sur ce lien fort pour permettre aux entreprises d’assurance de se rapprocher de leurs clients.
Notre ambition est internationale nous visons le doublement de notre CA à 3 ans via le lancement de notre offre en Italie. Nous souhaitons aussi passer notre communauté actuelle d’utilisateurs de 1.5 million à 4 millions grâce à la conquête de ce marché qui est le plus grand d’Europe pour nous, il compte 8 millions de motards (contre 4 millions en France).
Comment travaillez-vous avec l’ensemble de l’écosystème et avec quelle (s) grande(s) famille(s) (assureurs / mutuelles / assisteurs… autres) aujourd’hui ?
Nous travaillons aussi bien avec les assureurs que les mutuelles, nous sommes en contact avec les services IARD et Prévention de ces dernières. Nous sommes très fiers de pouvoir construire un avenir plus sûr pour la communauté motards auprès de 10 acteurs assureurs et Mutuelles en France, 3 en Belgique et 2 en Italie.
Nous sommes en étroite collaboration avec l’assisteur IMA qui opère pour nous toute la gestion de l’appel des secours pour tous les accidents que nous détectons grâce à notre application.
Quel est votre « business model » ? Avez-vous fait évoluer celui-ci ? A quelle date serez-vous à l’équilibre ?
Nous sommes à l’équilibre et profitable depuis 3 ans sur notre entité France.
L’Italie et la gestion de nouvelles mobilités représentent notre pôle innovation. Ces deux activités lancées il y a moins de 6 mois ne sont pas encore rentables. Notre objectif est l’atteinte de cette rentabilité en Q1 2026.
Notre business modèle est à 90% en BtoBtoC. Nos partenaires assureurs et mutuelles prennent en charge la partie premium de l’application Liberty Rider pour leurs clients. Notre modèle est à l’activation : le client d’un assureur ou mutuelle partenaire télécharge notre application, il active le premium offert par son assureur directement dans notre application et nous facturons cette activation à notre partenaire.
Quelles sont les 3 principales difficultés rencontrées dans votre vie d’entrepreneur au sein de Liberty Rider ?
La première difficulté est la gestion d’une certaine frustration liée au fait que les choses semblent ne jamais aller assez vite.
La seconde, est de réussir à construire une équipe incroyable et de savoir la garder, c’est je pense l’un des défis centraux de l’entrepreneuriat.
La troisième est de savoir évoluer avec son temps… Nous avons déjà 9 ans d’existence, le marché à beaucoup changé et il est parfois effrayant de se dire que nous n’avons pas les moyens de toujours avoir des coups d’avance…
3 difficultés rencontrées : gérer une certaine frustration, construire et garder l’équipe, savoir évoluer
Quels sont pour vous les 3 facteurs clés pour la réussite de Liberty Rider ?
Tout d’abord, les rencontres. Nous avons eu la chance de toujours trouver sur notre chemin des gens partageants nos valeurs et notre combat pour la sécurité et prêts à s’investir à nos côtés.
Ensuite, un marché qui est trop petit pour attirer des acteurs dopés aux dollars des fonds d’investissement de la Silicon Valley. En partant de l’Europe nous n’aurions jamais pu résister à un acteur américain avec des millions sur ses comptes en banque pour nous manger. Aussi étonnant que ça puisse paraître le marché de la moto Nord-Américain et tout petit (11 millions aux USA et Canada réunis) et cela a préservé le monde et par conséquent l’Europe de l’apparition d’un « Strava Like » qui arriverait sur notre territoire déjà fort de plusieurs dizaines de millions d’utilisateurs.
Enfin, l’équipe, l’équipe et encore l’équipe ! Sans une bonne « team » aucun projet ne peut grandir ! Nous avons toujours eu la chance de pouvoir compter parmi nous des gens formidables animés par le feu sacré de « sauver des vies ».
3 facteurs clés de réussite : les rencontres, un petit marché, l’équipe
Et si c’était à refaire ?
Je le referais avec plaisir ! Bien sûr que en 9 ans nous avons appris énormément et nous avons fait des erreurs mais je pense que je ne changerais pas grand-chose Nos erreurs font partie intégrante de ce que nous sommes aujourd’hui et nous ont aussi permis d’en arriver là.
Quelle est votre vision de l’évolution du secteur de l’assurance et le rôle de l’insurtech ?
Je n’ai pas la prétention de comprendre toutes les clés de ce si vaste secteur. Je dirais une chose, la rétention client, j’ai l’impression que c’est la grande oubliée de ce secteur. Bien entendu que des choses sont faites et que personne ne veut voir partir ses clients, pour autant je pense le secteur pourrait aller beaucoup plus loin dans ce domaine. Ma conviction est que sur ce point en particulier les Insurtechs ont un rôle à jouer tant sur le plan du CRM, que sur celui de l’apport de nouveaux services basés sur une connaissance très fine des usages via la donnée.
Quelles sociétés sont vos modèles (insurtech ou autres start-up, les 2 ou 3 clés) en France ou dans le monde ?
De manière générale j’aime les entreprises axées BtoC qui ont une marque forte.
La société qui est une vraie source d’inspiration pour nous est STRAVA nous disons souvent nous voulons être le STRAVA de la moto.
En termes de marque française je trouve que Alan est un vrai succès, avec une identité forte et une application extrêmement bien réussie et une énorme réussite commerciale.
Et en bonus…
Racontez-moi une anecdote amusante en lien avec Liberty Rider ?
Il y’en a énormément mais je pense que la première fois que nous avons rencontré IMA à Niort avec mon associé Julien nous avons eu un vrai coup de chaud, là on a vu que nous étions dans la cour des grands, cette journée a été la première d’une collaboration qui dure depuis 8 ans. Mais cette journée là nous avons bien dormi le soir, tant le niveau des questions posées était pointu et précis et qu’il nous a fallu réellement sortir les rames pour nous sentir crédibles.
Pourquoi avoir choisi ce nom pour votre insurtech ?
Alors là … C’est vraiment du hasard, il colle bien à ce que nous voulons faire : rendre les Riders libres du stress des dangers de la route, des Riders libres de pratiquer leur passion dans les meilleures conditions possibles. Mais il y a 9 ans, si on m’avait demandé ce nom risque-t-il de changer dans pas longtemps ? Je pense que ma réponse aurait été oui. Mais voilà nous sommes des Liberty Rider et ça n’est pas près de changer…
Interview menée en septembre 2024 par Nelly Brossard
Retrouver cette interview en video sur Youtube : vidéo intégrale
Et l’extrait sur la proposition de valeur
Une série d’interviews réalisée en partenariat avec Macif et ITESOFT
#insurtech #startups #assurance #assureurs #transfonum #inspiration
#motards #moto #accident #application #UX #secours #liberte #assistance