Rendre l’assurance santé accessible et transparente pour tous
#Insurtech : Rencontres Insurtech 2024. Une nouvelle saison d’échanges avec les fondateurs et fondatrices d’Insurtech ! Des acteurs qui réinventent et transforment l’assurance sur l’ensemble de la chaîne de valeur.
C’est parti pour 11 questions à Philippe Baranski CSO (Chief Strategy Officer) et co-fondateur de Mysofie
Quels sont les points clés de votre parcours et que représente l’entrepreneuriat pour vous ?
J’ai un parcours pluridisciplinaire dans l’assurance au sein du groupe PRO BTP pendant plus de 10 ans. A la fois en tant que Directeur des Ressources Humaines, puis en tant que Directeur des Opérations. En embrassant la profession d’assureur, on épouse la responsabilité de travailler à la protection d’autrui. Cette industrie a un rôle essentiel dans la vie de chacun quand un coup dur arrive tant physique que matériel. Nous nous devons d’être au rendez-vous de cette responsabilité. Nos clients attendent de nous que nous soyons prêts quand ils nous le demandent. C’est ce qui continue de m’animer tous les jours.
J’ai décidé de me lancer dans l’entreprenariat en 2017, cela représente aujourd’hui la liberté mais également une vraie mise en danger qui permet de se connaître et d’aller au bout de ses idées.
Comment est né votre projet, comment l’idée est-elle venue ?
Confronté à un volume d’appels téléphoniques entrants importants lors de ma précédente expérience professionnelle et avec toujours les mêmes interrogations qui tournent toutes autour de “quelle est la date à laquelle je vais être remboursé ?”, j’ai cherché une solution pérenne et rassurante pour les assurés. J’ai fait le constat qu’il nous manquait un outil de suivi des dépenses de santé pour soi et toute la famille. En effet, les outils de suivi proposés par le marché à l’époque étaient assez simples voire rudimentaires et se contentaient d’indiquer la date et le montant de remboursement effectué.
En anticipant, grâce à une bonne connaissance des processus de gestion, on peut rassurer l’assuré d’un remboursement futur, voire le dater dans le temps. Et anticiper cette information c’est diminuer le nombre d’appels téléphoniques reçus et optimiser ses processus internes de gestion des sinistres.
Devant ces différents constats et solutions, mon associé, Aymeric Mehu et moi-même, avons décidé de créer ensemble la première application mobile universelle capable de donner une vision synthétique des dépenses de santé.
Quelle est votre proposition de valeur ?
Aujourd’hui, mySofie, est une application qui permet au grand public de façon simple, de suivre, comprendre et piloter ses dépenses et remboursements santé au quotidien. Et donc leur couverture santé.
Le but est de rendre l’assurance santé simple, transparente et accessible. Notre application grâce à notre technologie d’agrégation propose de regrouper tous les contrats santé de la famille appelés chez nous des “Tribus”.
L’analyse des remboursements de soins de nos utilisateurs nous a amené à un second service, pour continuer à anticiper et aller plus loin encore en permettant à nos assurés de ne plus faire d’avance de frais et d’attendre avec hâte le remboursement de leur mutuelle. Ainsi, nous avons développé une nouvelle application mobile dédiée au paiement des frais de santé. Nous avons baptisé cette application mySofiePay. Avec ce service, nous permettons aux assurés de ne plus faire l’avance des frais de la part mutuelle et sécurité sociale.
Cependant, nous nous devions de répondre aux attentes de nos clients qui cherchent à diminuer le coût de la gestion des frais médicaux, mais également à lutter contre la fraude et améliorer la sécurité de leur système d’information. C’est à ce triptyque de promesses de valeur que nous répondons avec notre système de paiement.
Quelle est votre cible de clients (BtoC, BtoB, BtoBtoC)? Combien visez-vous de clients d’ici 3 ans ?
Nos produits que ce soit l’application mySofie ou mySofiePay sont des produits en BtoBtoC. Cependant, nous proposons également une version simplifiée, gratuite que tout un chacun peut utiliser : c’est notre vitrine.
Nos clients sont principalement des gestionnaires, des mutuelles, des grands assureurs, ou groupes de protection sociale. Nos produits sont proposés aux acteurs du marché en marque blanche ou en co-branding.
A date le portefeuille global de mySofie dans toutes ses déclinaisons est composé de 781 000 personnes protégées. Nos principaux clients sont les groupes UITSEM mutuelle et logement étudiant, CPMS courtier gestionnaire, AG2R La Mondiale et plusieurs mutualistes de tailles intermédiaires.
Comment travaillez-vous avec l’ensemble de l’écosystème et avec quelle (s) grande(s) famille(s) (assureurs / mutuelles / assisteurs… autres) aujourd’hui ?
mySofie propose ses API en libre service et se veut à la disposition de tous les acteurs du monde de l’assurance pour améliorer le transfert d’informations au profit de la relation client et de la compréhension du système de santé.
Et demain le paiement… Nous allons au cours du dernier trimestre 2024, lancer une plateforme inédite, permettant le paiement des frais médicaux hors nomenclature (et plus tard sur le dentaire et l’optique). La particularité de notre produit est qu’il remplace les processus de gestion traditionnel par des flux bancaires. Ces flux ont un grand avantage, celui de la sécurité du traitement de l’information qui nous permet de lutter efficacement contre la fraude en amont de la dépense et non pas en aval.
Nous avons un autre avantage non négligeable, il s’agit des économies pour les complémentaires. Notre plateforme permet de passer outre l’envoi de documents aux organismes assureurs. En simplifiant la gestion des factures, nous pouvons faire gagner à nos clients 3 voire 4 points de frais de gestion, ce qui n’est pas négligeable dans un marché aussi tendu que celui de la santé.
Quel est votre « business model » ? Avez-vous fait évoluer celui-ci ? A quelle date serez-vous à l’équilibre ?
Nous sommes une entreprise technologique possédant un agrément de courtage et bientôt de paiement. Notre mode de facturation est assez simple. Il s’agit d’un modèle SaaS, soit à l’usage, soit à la transaction.
Nous visons un équilibre en 2028.
Quelles sont les 3 principales difficultés rencontrées dans votre vie d’entrepreneur au sein de mySofie ?
Nous avons rencontré quelques difficultés majeures propre à l’industrie dans laquelle nous travaillons.
La première difficulté pour les insurtech ou fintech, c’est avant tout un cycle de vente très long. J’ai pu constater une vraie différence de discours entre d’un côté des acteurs qui prônent d’aller vite et loin et où dans les faits il existe une certaine inertie dans la prise de décision.
La seconde peut se résumer par “Make or Buy”. Un sujet récurrent au fil de la croissance de l’entreprise. Les acteurs de l’industrie de l’assurance sont confrontés à cette logique qui consiste à repérer des services innovants et à se poser la question s’ils doivent les développer en interne ou les acheter clés en main.
La troisième tient au fait que cette industrie se focalise sur le développement et ne met pas suffisamment l’accent sur la rétention et avec elle sur la relation client. Nous avons eu quelques difficultés au démarrage à convaincre nos clients que ce pan d’activité n’est pas assez travaillé le chantier est vaste mais nous y sommes arrivés.
3 difficultés rencontrées : le cycle de vente très long, le « make or Buy », l’accent pas assez mis sur la rétention et la relation client par le secteur
Quels sont pour vous les 3 facteurs clés pour la réussite de mySofie ?
Le premier, c’est une vraie conviction car c’est la seule chose à laquelle on doit s’accrocher quand on est au creux de la vague.
Le second est d’avoir deux ou trois “sparring partners » dans la durée qui sont vraiment indispensables pour échanger au sein d’un cercle de confiance en dehors du board et Codir ou comex.
Le dernier facteur est vraiment le travail.
3 facteurs clés de réussite : la conviction, les « sparring partners », le travail
Et si c’était à refaire ?
Je resigne sans hésitation.
Quelle est votre vision de l’évolution du secteur de l’assurance et le rôle de l’insurtech ?
Je constate que le secteur de l’assurance n’a pas beaucoup évolué dans sa relation avec les start up. L’industrie de l’assurance en France fonctionne encore beaucoup en fabrication interne et finalement peu en interaction économique avec de jeunes entreprises innovantes.
Les insurtech ou fintech sont par définition des entreprises de petite taille novatrices et agiles dans leur mode de fonctionnement. Ce sont des entreprises qui se sont construites en modifiant les paradigmes de réflexion sur l’assurance. Elles sont donc nécessaires et indispensables pour enrichir l’industrie assurantielle. En revanche, le marché n’est pas encore mature pour travailler en imbrication via les API.
Il faut donc à la fois convaincre de la valeur de ton produit mais également donner des gages de solidité et de véracité de l’entreprise…Un exercice difficile quand on est une petite boîte.
Quelles sociétés sont vos modèles (insurtech ou autres start-up, les 2 ou 3 clés) en France ou dans le monde ?
J’ai trois modèles qui m’inspirent.
Uber, car ce n’est pas simplement une entreprise de VTC, c’est un phénomène de société qui a bouleversé les codes du transport de personne. Uber permet aujourd’hui de réserver un taxi d’une plate-forme concurrente, on est donc bien dans le cas d’une entreprise qui a pris le lead non pas sur son produit de base mais qui a su devenir l’interface planétaire dans le transport de personnes.
Doctolib, là encore nous sommes dans le cas d’une promesse de valeur ultra simple “prendre RDV avec un professionnel de santé” qui est devenue en quelques années une plate-forme d’interlocution en santé indispensable dans la vie et le quotidien des français.
Swile, là encore il s’agit d’une entreprise qui a bousculé les codes du ticket restaurant en le rendant plus accessible, plus lisible et plus complet. C’est une très belle réussite inspirante quand on se lance dans le paiement.
Et en bonus…
Racontez-moi une anecdote amusante en lien avec mySofie ?
Pourquoi avoir choisi ce nom pour votre insurtech ?
mySofie signifie la sagesse en Grec, car nous pensons qu’il est sage de prendre soin de soi et de son budget.
Interview menée en septembre 2024 par Nelly Brossard
Retrouver cette interview en video sur Youtube : video intégrale
Et l’extrait sur la proposition de valeur
Une série d’interviews réalisée en partenariat avec Macif et ITESOFT
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